Comment démarrer en pédagogie Montessori ?

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La question m’a été posée plusieurs fois et la dernière demande datant d’hier attend encore une réponse. Je me suis alors dit que ce serait plus simple de faire un article pour tenter d’expliquer tout ça.

ATTENTION ! Je dis bien que je vais « tenter » ! D’une part parce que je suis loin (trèèès loin !)  d’être une experte, d’autre part parce que je ne prétends pas faire du 100% Montessori, loin s’en faut !

Alors, si vous avez la patience de me lire jusqu’au bout….c’est parti !

 

Le démarrage

Tout d’abord, il faut savoir que, selon moi, c’est un peu suicidaire de vouloir tout mettre en place tout de suite, tout chambouler d’un coup, surtout si vous débutez dans ce type de pédagogie ou si vos élèves n’ont jamais fonctionné ainsi. Je vous le dis parce que, avec mon côté trop pressé, c’est ce que j’ai fait la 1ère année, et je suis allée droit dans le mur… et ça fait mal….et c’est dur de se relever et de repartir après ! Donc patieeennnnce ! (Petit ;-) à ma collègue Agnès )

Dans un premier temps, il va falloir revoir l’organisation de votre classe en proposant vos jeux habituels sur des plateaux, rangés sur des étagères. Ainsi, les enfants vont commencer à apprendre à utiliser le plateaux, à le transporter, à s’installer tranquillement à une table, à travailler seul ou à deux ou trois selon le jeu et si vous l’autorisez. Cela permet de mettre en place l’ambiance de la classe sans avoir à gérer les présentations puisque les jeux à disposition seront connus des enfants.

Ce temps là sera plus ou moins long selon les enfants que vous avez en classe, leurs capacités à travailler en autonomie et dans le calme…parce que oui, le niveau sonore doit vraiment être une de vos préoccupations. Je ne dis pas qu’on doive exiger d’enfants de maternelle le silence complet , mais on peut largement leur demander de parler à voix basse ou modérée, de marcher tranquillement et de ne pas s’interpeler à travers la classe. Évidemment, comme pour toutes choses, ce sera à vous de donner l’exemple en suivant ces mêmes règles, ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas tout le temps facile.

Une chose qui marche bien dans ma classe quand le niveau sonore monte trop : au lieu de crier pour demander le calme (ce qui est quand même un non sens….même si j’avoue que ça m’arrive de le faire de temps en temps :-/ ), c’est de taper sur un bol tibétain avec pour consigne de faire la statue, de croiser les bras et de me regarder quand ils entendent le gong. Cela permet de leur faire prendre 3 ou 4 grandes inspirations, de faire retomber la pression, et de féliciter les enfants qui font de gros efforts pour travailler dans le calme tout en demandant aux autres d’essayer de faire le même effort pour le respect du travail de tous. Dans l’ensemble, ça marche plutôt bien !

bol tibétain

 

Passons aux choses « sérieuses »

Une fois que les enfants ont appris à travailler sur les plateaux, dans un calme relatif, on va pouvoir introduire le matériel Montessori. Pas tout d’un coup, mais plutôt par vagues. En effet, mettre tout le matériel d’un coup (en supposant que vous ayez tout dès le début, ce qui est peu probable) risque de rendre les enfants « hystériques » (bon, le terme est mal choisi mais je ne trouve rien d’autre pour l’instant ;-) ) et de mettre à bas tous ce que vous auriez mis en place les semaines/jours précédents.

Quand à savoir quel matériel installé, cela va dépendre des niveaux que vous avez. Si vous avez des PS, il va falloir essentiellement axer votre matériel autour de la vie pratique et sensorielle, alors que vous aurez également besoin des coins langage et mathématiques assez rapidement avec des Ms ou des GS. Ceci dit, les ateliers de vie pratique et sensorielle ne sont pas à négliger si vous n’avez que des GS qui n’ont jamais fonctionné en Montessori. Cette année, avec mes GS/CE1, j’ai remis les ateliers de verser pour que les élèves les manipulent et acquièrent des gestes précis et contrôlés. Et puis, même à 5 ans, c’est toujours un plaisir pour eux de manipuler ces ateliers de vie pratique.

Ensuite, vous introduirez tranquillement les ateliers au fur et à mesure de l’avancement des enfants jusqu’à pouvoir les installer tous une fois qu’ils auront bien compris qu’ils doivent avoir eu une présentation de l’atelier avant de pouvoir l’utiliser. Si vous avec des GS, ils devraient le comprendre assez vite alors que ce sera un peu long avec des PS.

 

Quelle progression ?

Vous vous demandez peut-être comment savoir quels ateliers mettre en place en premier. Pour cela, j’avais mis en ligne il y a quelques temps une progression dans les différents domaines. Je vous laisse retourner lire l’article qui se trouve ICI

 

Les présentations des ateliers

Évidemment, si vous n’avez pas de formation, cela peut être compliqué pour vous de savoir comment présenter les ateliers. Bien sûr, aucun livre ne pourra jamais remplacer une formation, cependant, vous pourrez trouver quelques ouvrages plutôt bien faits qui vous rendront bien service. Voici ceux qui ont été testés et approuvés !

 

 

Qu’est-ce qu’on entend quand on parle de présentation ? Il s’agit de montrer à l’enfant la manière d’utiliser chaque atelier mais aussi de lui donner du vocabulaire et de lui apporter un contenu pédagogique notamment en langage et mathématiques.
Les puristes vont diront qu’il faut faire ces présentations de manière individuelle, mais soyons honnête, je n’y arrive que très rarement, à part peut-être pour les ateliers de vie pratique en PS …. et encore :-(

Quoi qu’il en soit, même si je fais régulièrement des présentations en petits groupes, et d’autant plus en GS, je fais en sorte de ne pas dépasser 3 ou 4 enfants à la fois (mais là aussi, je fais parfois des exceptions) et de respecter les règles de présentation, à savoir : on regarde mes mains, on écoute sans interrompre, on est bien dans le bon sens…. puis, une fois la présentation faite, je laisse les enfants s’exprimer et manipuler.

 

Le suivi des enfants

Donc, vos élèves travaillent à partir des plateaux, vous arrivez à présenter les ateliers et votre classe tourne relativement bien dans un calme relatif.

Oui mais, ça ne suffit pas, parce qu’il va maintenant falloir avoir un suivi rigoureux de chaque élève afin de les faire avancer à leur rythme et selon leur besoins. Pour cela, il vous faudra avoir des tableaux de suivi ou, comme moi, une application.

Là encore, j’avais déjà fait quelques articles à ce propos alors je vous laisse aller les lire :

  • Utilisation de l’application je valide : ICI   et   ICI
  • Utilisation d’un fichier papier :  ICI 

Dans l’article suivant (CLIC), vous verrez également comment on peut utiliser les étoiles de compétences pour avoir un suivi des élèves et pour qu’eux mêmes puissent suivre leur progression et choisir leurs ateliers.

 

Démarrer avec une classe mixte

Certains se disent peut-être : « ok, mais comment je ferai l’année suivante quand je garderai une partie de mes élèves et que de nouveaux PS arriveront. On repart à zéro ? »

Non, pas du tout ! Dans ce cas là, la solution que beaucoup choisissent est de mettre des draps devant les étagères afin de cacher les ateliers aux yeux des PS et de limiter la tentation d’aller tout retourner. L’année où j’avais des PS/Ms, j’avais choisi de proposer des plateaux de délestage la matin (comme expliqué plus haut) et de relever les draps pour les MS l’après-midi, quand les petits étaient à la sieste. Au bout d’environ un mois, j’ai pu doucement enlever les rideaux également le matin sans trop de problème.

 

Un fonctionnement pas 100% Montessori

Un dernier point que je voulais aborder est le fonctionnement général. En effet, je le redis encore, je ne fais pas du 100%  Montessori. J’ai par exemple conservé les séances de motricité et d’art plastique en groupe avec l’atsem (quand j’en ai une !)

De plus, je propose (j’impose en fait !) chaque semaine un travail écrit (ou deux) que tous doivent avoir fait dans la semaine. La fiche est placée dans une pochette et les enfants barrent leur photo sur le devant de la pochette quand ils l’ont prise. A moi de vérifier que toutes les photos sont barrées, que chacun a fini ce travail imposé, et le cas échéant, d’obliger l’enfant à faire ce travail dans la journée du vendredi.

 

Pourquoi ce choix d’imposer un ou deux travaux par semaine ?

Pour 2 raisons en fait :

  • Il y a assez peu d’écrit en Montessori et certaines compétences sont peu développées avec le matériel. Ces fiches me permettent donc de proposer cela en plus des ateliers et cela permet également à l’enfant d’être confronté à des situations écrites complètement différentes des supports Montessori utilisés le reste du temps.
  • Je trouve qu’il est important d’imposer des activités aux enfants de temps en temps pour que le passage au CP ne soit pas trop douloureux. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils font tout ce qu’ils veulent avec le matériel Montessori ! En effet, il y a une progression à suivre, et j’impose parfois à un enfant qui tourne en rond d’aller faire un atelier précis. De la même manière, mon atsem (quand j’en ai une !!! ;-) ) est chargée de vérifier / de valider les ateliers à partir de leur plan de travail et de leur cahier d’étoiles. A ce moment là, ils doivent aller avec elle pour l’atelier qu’elle leur impose….. Malgré tout, les enfants ont quand même une marge de choix très grande….raison pour laquelle j’ai choisi d’imposer des activités 1 ou 2 fois par semaine…parce que leur scolarité ne sera ps tout le temps faite que de liberté !

Voilà voilà : Je crois que j’ai fait le tour…et si vous êtes arrivés jusque là, bravo à vous.

Si par hasard javais oublié de parler de choses importantes, ou si vous avez des questions plus précises, n’hésitez pas à me les transmettre en commentaires et j’essayerai d’y répondre en allongeant encore mon article :-D

Ah si ! J’allais oublier ! Une lecture indispensable à qui veut démarrer en pédagogie Montessori !

 

Quelques ajouts importants

Dans cet article, je me suis essentiellement concentré sur le côté fonctionnent et matériel…. ceci dit, il est tout à fait vrai que j’ai négligé un côté très important que m’a rappelé Lulu dans son commentaires. Comme je ne saurais pas le dire mieux qu’elle, je me permets de copier son texte ici pour qu’il soit lu par tous. Et un grand merci à toi Lulu pour cet éclairage indispensable !

Pour moi, le plus important dans la mise en place d’une approche montessorienne de classe est le changement de posture de l’enseignant. Je pense qu’il faut mettre en avant que l’essentiel n’est pas le matériel, mais une approche entièrement axée sur l’observation de l’enfant. Je conseille aussi de se tourner vers les supports de Public Montessori qui peuvent être d’une grande aide et qui complètent bien les tiens. J’aime beaucoup le fait que tu soulignes l’absence de nécessité de faire du 100% Montessori, car avant tout l’enseignant se doit d’être à l’aise avec le matériel, qu’il l’ait bien investi, et si d’autres approches lui semblent complémentaires (comme la méthode Dumont pour le geste graphique), cela ne peut être que bénéfique (sans pour autant faire du fourre-tout Reggio, Freinet, Mason et compagnie dans un grand gloubi boulga de surface ;)).
Donc travailler la posture encore et encore, changer de regard sur l’enfant si cela n’a pas déjà été fait, essayer de ne jamais poser d’étiquette sur les enfants et les voir tous les jours d’un regard neuf, ne pas vouloir faire à leur place, de ne pas vouloir aller trop vite, leur faire confiance, faire un long et lent cheminement pour être d’abord bien avec soi-même, en conscience, avant de pouvoir être respectueux des besoins et du rythme de chacun et de permettre au si riche potentiel des enfants de se révéler, voilà ce qui me semble essentiel.

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3 Replies to “Comment démarrer en pédagogie Montessori ?”

  1. Coucou Nathalie, merci pour cet article très pertinent et qui, je suis sûre, sera d’une grande aide pour les collègues. Pour moi, le plus important dans la mise en place d’une approche montessorienne de classe est le changement de posture de l’enseignant. Je pense qu’il faut mettre en avant que l’essentiel n’est pas le matériel, mais une approche entièrement axée sur l’observation de l’enfant. Je conseille aussi de se tourner vers les supports de Public Montessori qui peuvent être d’une grande aide et qui complètent bien les tiens. J’aime beaucoup le fait que tu soulignes l’absence de nécessité de faire du 100% Montessori, car avant tout l’enseignant se doit d’être à l’aise avec le matériel, qu’il l’ait bien investi, et si d’autres approches lui semblent complémentaires (comme la méthode Dumont pour le geste graphique), cela ne peut être que bénéfique (sans pour autant faire du fourre-tout Reggio, Freinet, Mason et compagnie dans un grand gloubi boulga de surface ;)).
    Donc travailler la posture encore et encore, changer de regard sur l’enfant si cela n’a pas déjà été fait, essayer de ne jamais poser d’étiquette sur les enfants et les voir tous les jours d’un regard neuf, ne pas vouloir faire à leur place, de ne pas vouloir aller trop vite, leur faire confiance, faire un long et lent cheminement pour être d’abord bien avec soi-même, en conscience, avant de pouvoir être respectueux des besoins et du rythme de chacun et de permettre au si riche potentiel des enfants de se révéler, voilà ce qui me semble essentiel.
    J’en profite pour souligner la grande qualité de ton travail (que tu partages gratuitement et sur ton temps libre), dans lequel je ne cesse de piocher, merci pour cela. Ton nom sera cité lors des inspections, hé hé …

    1. Je suis tellement d’accord avec toi. Il est vrai que je me suis concentré sur le côté organisation pour répondre à une question qui portait sur ce point….et pourtant … et pourtant, tout ce que tu racontes est tellement primordial.
      Comme je ne saurais le dire mieux que tu ne l’as fait, je me permets de copier tes mots dans l’article afin qu’ils soient lus par les visiteurs. Encore merci pour cet apport indispensable !

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